Initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan, les syllabaires de Chypre.

  rameursvo.jpg retour au menu.

 
museeEpiskopi retour à Chypre

Inscriptions syllabiques de Chypre

stadeKourion  museeEpiskopi  fleursKourion

Pour réaliser ces pages, voici les études que j'ai consultées :

- Olivier Masson, Inscriptions Chypriotes Syllabiques, 1ère édition 1961, 2e édition 1983
- Markus Egetmeyer, Le Dialecte Grec Ancien de Chypre, 2010
- Anna Georgiadou, "La Tablette d'Idalion", in Cahier 40 (2010) du Centre d'Etudes Chypriotes.
- Anna Cannavo', Histoire de Chypre à l’époque archaïque : analyse des sources textuelles, thèse inédite, 2011.


Mon choix :

Vous cliquerez sur les images pour accéder aux explications des différentes inscriptions,
mais allez d'abord voir les tableaux des signes d'écriture, en bas de cette page.

1.au musée de Larnaca 2.Nicosie 1
3.musée de Nicosie 2
4.musée de Nicosie 3
5.musée de Nicosie 5 6.musée de Nicosie 6, cruche
7.musée de Paphos 1
8.musée de Paphos 2
9.musée de Limassol, cruche
10.musée de Kourion-Episkopi
11.musée de Nicosie 4
12.tablette d'Idalion, recto


Les musées où l'on peut voir ces inscriptions :


mapChypreSyll

1. Larnaca
2. Nicosie
3. Nicosie
4. Nicosie
5. Nicosie
6. Nicosie
7. Paphos 8. Paphos 9. Limassol 10. Kourion- Episkopi 11. Nicosie
12. Nicosie (mais l'original est à Paris)

Pour déchiffrer ces inscriptions, nous allons utiliser deux tableaux
regroupant tous les signes utilisés, surtout entre le VIIe et le IIIe siècle av. J.C.,
 dans ce système d'écriture propre à Chypre.

Le plus utilisé est le suivant, appelé syllabaire commun :

a   a
e   e
i   i
o   o
u   u
ya   ya


yo   yo

ka   ka
ke   ke
ki   ki
ko   ko
ku   ku
la   la
le   le
li   li
lo   lo
lu   lu
ma   ma
me   me
mi   mi
mo   mo
mu   mu
na   na
ne   ne
ni   ni
no   no
nu   nu
pa   pa
pe   pe
pi   pi
po   po
pu   pu
ra   ra
re   re
ri   ri
ro   ro
ru   ru
sa   sa
se   se  ou : se bis si   si
so   so
su   su
ta   ta
te   te
ti   ti
to   to
tu   tu
wa   wa
we   we
wi   wi
wo   wo

xa   xa
xe   xe



za  za-ga


zo   zo



Mais dans l'ouest de l'île, surtout à Paphos, était utilisée une variante de ce système :
(J'ai choisi de mettre les signes qui sont différents du syllabaire commun dans des cases de couleur sable clair.
Mais cette distinction est assez arbitraire, comme vous pourrez en juger par vous-même)

a   a
e   e
i   i
o   o
u   u

ye   ye

yo   yo

ka   ka
ke   ke
ki   ki
ko   ko
ku   ku
la   la
le   le
li   li
lo   lo
lu   lu
ma   ma
me   me
mi   mi
mo   mo
mu   mu
na   na
ne   ne
ni   ni
no   no
nu   nu
pa   pa
pe   pe
pi   pi
po   po
pu   pu
ra   ra
re   re
ri   ri
ro   ro
ru   ru
sa   sa
se   se
si   si
so   so
su   su
ta   ta
te   te
ti   ti
to   to
tu   tu
wa   wa
we   we
wi   wi
wo   wo

 
xe   xe



za  za-ga


zo   zo


Vous constatez que chaque signe note non pas un son-voyelle ou un son-consonne,
mais une syllabe, comportant une voyelle, précédée ou pas d'une consonne initiale,
mais jamais suivie d'une consonne finale.

main Ce qui fait que pour noter un mot grec faisant se succéder deux consonnes,
par exemple -τρο-, on utilisera les signes -to-ro- (toro),
et pour écrire une consonne finale d'un mot, ou -ν,
on utilisera les signes -se (se) ou -ne (ne), ... ou bien on n'écrira rien !

Petit exercice :
en utilisant le syllabaire commun puis le syllabaire paphien,
essayez d'écrire sur une feuille ces deux mots :

Kypros, Onasilon

Quelques photos de Chypre pour vous laisser chercher un peu :

site Amathonte
le site archéologique d'Amathonte

Paphos
Kato Paphos
 
tombes à Paphos
tombes à Paphos

Voici la solution :

Kypros aurait été décomposé en : ku-po-ro-se,
écrit à Paphos et dans sa région : ku  po  ro  se

et dans les autres régions de Chypre : ku  po  ro  se

Quant à Onasilon, il aurait été décomposé en o-na-si-lo-ne,
écrit à Paphos et dans sa région : o  na  si  lo  ne
et dans les autres régions de Chypre :  o  na si  lo  ne

main Mais ce n'est pas tout : si vous observez bien les deux tableaux,
vous ne voyez pas apparaître de syllabes commençant
par les consonnes sonores b, d, g, ni par les aspirées ph, th, kh.
C'est que dans ce système d'écriture,
 le b et le ph étaient assimilés au p,
le d et le th étaient assimilés au t,
et le g et le kh étaient assimilés au k.


Ainsi un mot grec comme Philodamos était décomposé en pi-lo-ta-mo-se,
écrit dans la région de Paphos : pi  lo  ta  mo  se
et dans le reste de l'île de Chypre : pi  lo  ta  mo  se

main Enfin, attention au sens de lecture :
Sur les pierres, sur les vases ou sur le bronze,
les textes ne sont pas toujours écrits de gauche à droite (= dextroverses).
Très souvent il ont été écrits de droite à gauche (=sinistroverses).
Par exemple les trois mots ci-dessus pouvaient tout à fait
être écrits de la droite vers la gauche, ainsi :

se  mo  ta  lo  pi  pour Philodamos
se  ro  po  ku  pour Kypros
et     ne  lo  si  na  o  pour Onasilon.

main Quant au dialecte chypriote, vous en verrez quelques particularités en vous reportant ici.

Il est temps maintenant de passer à la lecture des inscriptions réelles :
Cliquez sur les images.
Les inscriptions que je présente portent le numéro qu'elles ont dans l'ouvrage de référence,
d'Olivier Masson, Inscriptions Chypriotes Syllabiques, abrégé en ICS.
rameursvo.jpg  retour au menu

museeEpiskopi retour à Chypre
          
           contact