2 inscriptions syllabiques, à Limassol et à Kourion
La première, au musée de Limassol,
est peinte sur ce vase, entre les deux taureaux :
Le vase a été trouvé sur l'acropole d'Amathonte, à 9 km à l'Est de
Limassol :
d'après Google maps

le site archéologique d'Amathonte
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au sommet de l'acropole
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détail du vase colossal
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Cette inscription syllabique a posé problème aux archéologues et
épigraphistes.
D'après le style du vase, elle est datée du début du VIIe s. av. J.C.
Si on lit en utilisant le syllabaire commun :
à gauche, on reconnaît bien

= ka
au centre,

= 30
à droite, un signe,

qui peut être

= po,
ou

= ko.
Mais les deux autres signes sont inconnus.
Le chiffre 30 pourrait suggérer que cette inscription indique soit une capacité, soit un prix ???
une inscription royale
Passons maintenant de l'autre côté de Limassol,
et entrons dans le petit musée d'Episkopi, près du site de Kourion.
Ce bloc, retaillé, nous livre quand même quelques renseignements
intéressants.
Il a été trouvé en 1962 sur l'acropole de Kourion,
en remploi hellénistique ou romain.
Les signes sont ceux du syllabaire paphien, sauf quelques exceptions.
Ils ont été gravés profondément, et les cavités étaient remplies de
plomb,
dont il reste plusieurs traces.
ICS 180b
Voici un fac similé, réalisé d'après celui
du
BCH 1964,
mais avec quelques rectifications en ce qui concerne les traces de plomb :
Les petits signes verticaux séparent les mots.
Lisons de droite à gauche, en nous servant du syllabaire paphien :
a
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e
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i
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o
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u
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ye
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yo
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ka
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ke
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ki
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ko
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ku
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la
|
le
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li
|
lo
|
lu
|
ma
|
me
|
mi
|
mo
|
mu
|
na
|
ne
|
ni
|
no
|
nu
|
pa
|
pe
|
pi
|
po
|
pu
|
ra
|
re
|
ri
|
ro
|
ru
|
sa
|
se
|
si
|
so
|
su
|
ta
|
te
|
ti
|
to
|
tu
|
wa
|
we
|
wi
|
wo
|
|
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xe
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za
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zo
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Quelques signes ne sont pas ceux du tableau.
Ainsi le signe
ko, au milieu de la 2ème ligne, est celui du syllabaire commun :

et non pas le signe paphien

,
le signe
mo à la dernière ligne est plus haut et n'a pas sa barre horizontale supérieure.
Transcription :
[- -]-re-te-se l o-sa-ta-[- - ]
[ - ]-i-ni-se l o-ko-ri-o l pa-si-le-[u-se]
[ - ]-ta-mo-te-ro-ne l ta-te l e-te-mi-[ - - ]
[- - κ]ρέτης ὁ Στα[σι - -]
[-] ἶνις ὁ Κωρίω βασιλε[ὺς]
[- - ] δαμοτέρων(?) τάδε (τά(ν)δε?) ἐθεμί[σατυ?].
traduction d'après
M. Egetmeyer :
"…krétès, le fils de Stasi…, le roi de Kourion …. de la part du peuple a établi ceci ….."
Bien mystérieux. Le mot
δαμοτέρων(?) a été compris de diverses manières, sans qu'aucune ne s'impose.
Il est question d'un roi (
βασιλε[ὺς] ) de Kourion (
Κωρίω),
qui est le fils (
ἶνις) d'un personnage.
Ce terme,
ἶνις, n'est employé qu'à Paphos et Kourion, et seulement pour les fils de rois.
Nous sommes donc encore dans la période des rois à Chypre,
avant que les Ptolémée ne sonnent le glas de tous ces royaumes, dont je donne une liste,
tout en précisant qu'ils n'ont pas eu tous la même durée d'existence :
Paphos, Kourion, Salamine, Idalion, Marion, Tamassos,
Chytroi, Lapéthos, Lédra, Soloi, Kition, Amathonte.