transcription
:![]() IvO 449 |
traduction
: La cité a érigé cette très belle statue à l'enfant de Lykortas, Polybe, en contrepartie de ses belles actions. A la bonne Fortune. La cité des Messéniens a consacré (la statue de)T(itus) Fl(avius) Polybios qui a été un citoyen exemplaire, pour sa valeur et les bonnes dispositions qu'il ne cesse d'avoir à son égard, et le très illustre Conseil Olympique a confirmé par un vote cette décision. |
Bref résumé
de la vie mouvementée de Polybe : Né à Mégalopolis vers 200 av. J.C., Polybe était le fils de Lykortas, un membre important de la ligue Achéenne qui regroupait à cette époque toutes les cités du Péloponnèse. A la suite de la victoire du général romain Paul-Emile sur les Grecs en 168 av. J.C., Polybe fit partie des mille notables achéens qui furent emmenés en otages à Rome et durent y rester 17 ans. Mais il eut la chance d'être choisi par Paul-Emile comme précepteur de son fils (qui fut adopté par le fils de Scipion l'Africain et prit le nom de Scipion Emilien) , ce qui lui permit de passer toutes ces années dans l'amitié des deux plus importantes familles romaines philhellènes, celle de Paul-Emile et celle des Scipion. Il se passionna pour l'extraordinaire expansion de Rome à son époque, et entreprit d'en découvrir les causes. Ainsi débuta sa vocation d'historien. Lorsque, en 146 av. J.C., le consul Lucius Mummius (voir l'inscription n°4)vainquit les cités achéennes et fit raser la ville de Corinthe, Polybe fut choisi par les Romains comme médiateur pour réorganiser ces cités vaincues qui gardaient une certaine autonomie mais sous l'autorité de Rome. Il s'acquitta avec tant de diplomatie de sa tâche qu'elles lui en furent très reconnaissantes, et élevèrent des stèles et des statues en son honneur. Tous ces monuments ont disparu mais grâce aux écrits de Pausanias qui a pu les voir, nous en gardons trace (voir ci-contre ). D'autre part les archéologues ont retrouvé ailleurs qu'à Olympie des vestiges de la même épigramme (voir ci-dessous). On raconte que Polybe mourut à 82 ans des suites d'une chute de cheval. |
Quelques uns des passages de
Pausanias qui font mention de stèles
élevées en l'honneur de Polybe : - à Mantinée, dans un temple (Paus. livre VIII, chap.9, §1) : ![]() traduction : Là, un homme a été figuré au moyen d'une stèle : c'est Polybe, fils de Lycortas. - à Mégalopolis, sa cité, il y avait également sur l'agora une stèle avec un bas-relief représentant Polybe et avec une épigramme (Paus., VIII, 30, 8) : ![]() traduction : Les Mégalopolitains ont sur l'agora un personnage représenté en bas-relief sur une stèle, c'est Polybe fils de Lykortas. Sur cette stèle sont également inscrits des vers élégiaques qui disent qu'il a parcouru toutes les terres et les mers, qu'il fut aussi l'allié des Romains et fit cesser leur colère envers le monde grec. [...] et que toutes les cités qui composaient la ligue achéenne obtinrent des Romains que Polybe réorganisât leur régime politique et établît leurs nouvelles lois. - à Lycosoura, à quelques kilomètres à l'ouest de Mégalopolis, sur les premières pentes du mont Lycée, il y avait un sanctuaire de la déesse Despoina. Devant le temple se dressait un long portique, dont le fond de marbre blanc était décoré de reliefs que décrit Pausanias (Paus., VIII, 30, 8-9) : ![]() traduction : dans la stoa il y a des nymphes et des figures de Pan sur le troisième relief, et sur le quatrième, Polybe fils de Lykortas.. Et une épigramme l'accompagne, qui dit que la Grèce d'abord n'aurait pas été vaincue si elle avait suivi les conseils de Polybe, mais qu'après la défaite il fut le seul à venir à son secours. - à Tégée (à mi-chemin entre Argos et Mégalopolis), Pausanias dit (Paus., VIII, 48, 8) qu'il y avait près du temple d'Ilithyie : ![]() traduction : une stèle de marbre blanc ; sur celle-ci était représenté Polybe fils de Lykortas. |
Ont été retrouvées des pierres.../... - à Mantinée (Arcadie) : ----> - à Kleitor (Arcadie) : ------> - encore à Olympie :------> traduction : A la bonne fortune. La ligue des Achéens (honore) T(itus) Fl(avius) Polybios, stratège des Achéens et ago- nothète des Antinoeia, qui a organisé ces fêtes avec intégrité et sollicitude. suit l'épigramme en l'honneur de Polybe l'historien. |
.../...portant la même épigramme en l'honneur de Polybe : ![]() ![]() ![]() |
D'abord l'inscription IvO 450, copiée en bas du tableau précédent. Elle ressemble étrangement à la base 8, mais avec deux détails en plus : --->>> ce T.FL. Polybios est désigné comme stratège de la Confédération Achéenne, ce qui est le titre du magistrat suprême de la Confédération. Or cette Confédération Achéenne avait été dissoute par Mummius en 146 av. J.C., et ce n'est qu'à l'époque d'Hadrien que le fédéralisme des cités grecques fut de nouveau encouragé par les empereurs. --->>> Mais surtout le fait que ce Polybios ait été agonothète (= organisateur des concours) des Antinoeia est un indice très clair : Antinoos était un beau jeune homme favori d'Hadrien, et après sa mort tragique l'empereur Hadrien fit réaliser dans tout le monde gréco-romain des statues de culte le représentant et il institua des fêtes en son honneur, les Antinoeia. Cette inscription IvO 450 date donc au plus tôt de 130 apr. J.C., malgré l'ajout de l'épigramme bien connue. |
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Voici maintenant une inscription en l'honneur d'un autre Polybios, dont la date nous est donnée "en clair" :
la 259ème Olympiade correspond à l'année 257 apr. J.C. Ce nouveau Polybios, qui porte exactement le même nom que le précédent, peut être son arrière-petit-fils. Quelle famille ! |
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La dernière inscription concerne sans doute le même Polybios que la précédente, puisqu'il est Messénien et Lacédémonien, et prêtre de la déesse Rome :
Cette fois la Confédération Achéenne pousse l'éloge de ce dernier rejeton d'une illustre lignée jusqu'à le traiter d'Héraclide, c'est-à-dire descendant d'Héraklès. Et ce décret insiste bien sur la longue et illustre lignée des Polybe, tous descendants de cet "enfant de Lykortas" chanté par l'épigramme. |