initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan, affranchissement de Delphes n°7
  rameursvo.jpg retour au menu.

  mainDelf-g.gif retour au tableau des affranchissements.

femmeAmphissa-s.jpg retour aux femmes à Delphes.

apollonivoir.jpg  murpolygonal

Affranchissement n°7 : 

Onasiphoron.

Toujours au théâtre, nous nous déplaçons légèrement vers la droite (vers l'Est),
pour essayer de lire cet autre acte d'affranchissement, exactement contemporain du précédent,
mais qui comporte des clauses intéressantes :

Af7-s.jpg
FD III 6:36, 20-46 apr. J.C.

Cliquez sur l'image pour en obtenir une définition un peu meilleure.

Transcription :

Af7.gif

en vert : la propriétaire, Sôphrona, a demandé à Sôsiklès d'écrire en sa présence le  contrat.
Non parce qu'elle n'avait pas le droit de vendre en tant que femme,
car bien des affranchissements de Delphes nous prouvent le contraire,
mais très vraisemblablement parce qu'elle ne savait pas écrire.
Certains autres actes de cette époque sont encore plus explicites à cet égard,
ainsi par exemple FD III 6, 20, où il est précisé que l'acte a été rédigé ...

oukoiden.jpg
"au nom de Damô, présente, qui a demandé qu'on écrive pour elle, car elle ne sait pas écrire".



en bleu : "Qu'Onasiphoron donne à Sôsandros (le fils de la propriétaire) un bébé".
D'autres affranchissements présentent une clause analogue, par exemple FD III 3, 273 :

brefos.jpg
"Que Sôtèricha donne à Tryphôn, le fils de Smyrna, un bébé d'un an".


et l'on découvre bien "pire" dans FD III 6, 38 :

brefe.jpg
"Qu'Epaphrô donne à mon petit-fils Glaukias fils de Lysôn trois bébés de deux ans.
Si elle n'a pas les bébés, qu'elle donne 200 deniers.
Et qu'Epiphanéa donne à mon fils Sôstratos dans cinq ans un enfant de trois ans,
et à mon petit-fils Glaukias, trois ans plus tard, un enfant de trois ans".

Il faut bien comprendre, au delà de notre impression d'un "trafic d'enfants" révoltant,
que dans une société où l'esclave était une valeur marchande et productive,
un esclave libéré était certes une perte pour son ancien maître,
 mais une esclave jeune libérée représentait une double perte,
puisqu'elle aurait "produit" des petits esclaves gratuitement pour le maître.


En brun : comme dans l'autre affranchissement du théâtre (n°6),
il est précisé que la vendeuse doit faire graver ( encharaxasa.jpg )
un exemplaire du contrat dans le sanctuaire d'Apollon,
et faire copier l'autre dans les archives de la cité.

Traduction :

Sous l'archontat de Pasôn fils de Damôn, au mois d'Hérakleios, Habromachos fils de Xénagoras et Markos fils de Markos étant bouleutes, manuscrit de Sôsiklès fils de Philléas au nom de Sôphrona fille de Stratôn, présente, qui lui ordonne d'écrire pour elle : A ces conditions Sôphrona, avec l'accord de son fils Sôsandros, a vendu à Apollon Pythien en vue d'affranchissement un "corps féminin" du nom d'Onasiphoron, pour un prix de trois mines d'argent, et elle a (reçu) la somme entière, Onasiphoron ayant confié au dieu son rachat, les conditions étant qu'elle soit libre, que personne ne puisse jamais remettre la main sur elle, et qu'elle ne soit en rien et d'aucune manière dépendante de qui que ce soit. Garant selon les lois : Eukleidas fils d'Aiakidas. Si jamais quelqu'un remettait la main sur Onasiphoron en vue de la réasservir, que la vendeuse et le garant fournissent pour le dieu la preuve du rachat, et que de même le premier venu ait tout pouvoir pour prendre sous sa protection Onasiphoron afin qu'elle reste libre, sans encourir ni amende ni procès d'aucune sorte.
Mais qu'Onasiphoron demeure auprès de Sôphrona pendant tout le temps que cette dernière vivra, faisant ce qui lui sera ordonné de façon irréprochable. Si elle ne le fait pas, que Sôphrona ait le pouvoir de la punir de la façon qu'elle voudra. Et qu'Onasiphoron donne un bébé à Sôsandros.
Selon la loi, la vendeuse dépose l'acte en deux exemplaires, l'un, qu'elle aura fait graver, dans le sanctuaire d'Apollon, et l'autre dans les archives publiques de la cité, par l'intermédiaire du secrétaire Lysimachos fils de Nikanôr.
Témoins. De la main d'Eukleidas fils d'Aiakidas : j'ai été institué par Sôphrona garant de la vente précitée, avec l'accord de son fils Sôsandros. Témoins : les mêmes, les prêtres d'Apollon : Dionysios fils d'Astoxénos et Damôn fils de Polémarchos, et les particuliers : Pasôn fils de Damôn, Kléandros fils de Philôn, et Xénagoras fils d'Habromachos.



  rameursvo.jpg retour au menu

  mainDelf-g.gif retour au tableau des affranchissements

contact