Affranchissement n°10 :
Chrèsimos.
Remontons le long du mur polygonal, tournons l'angle et
gravissons les marches.
Dans cette partie du mur polygonal, les inscriptions sont plus
accessibles au visiteur,
qui peut s'en approcher autant qu'il le souhaite.
On distingue, au centre de l'image, une zone où la pierre a
été lissée pour recevoir des
inscriptions.
Nos trois derniers actes d'affranchissement sont sur cette pierre.
L'inscription n°10 se trouve dans la partie gauche.
Nous déchiffrerons ensuite les deux actes qui ont
été gravés à droite (
n°11
et
n°12).
FD
III 3, 208, vers 163 av.J.C.
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Voici la transcriptio
Traduction :
Sous l'archontat
d'Emménidas fils de Kallias, au mois
d'Hérakleios, aux conditions suivantes Lykinos
fils de Nikias a vendu à Apollon Pythien un "corps masculin"
du nom de Chrèsimos, d'origine galate, pour un prix de deux
mines d'argent, et il a reçu la somme entière,
Chrèsimas ayant confié au dieu son rachat, aux
conditions qu'il soit libre et que personne ne puisse jamais remettre
la main sur lui, et qu'étant libre il fasse ce
qu'il voudra et s'en aille où il voudra. Garant
selon les lois de la cité : Athambos fils
d'Athaniôn. Au cas où quelqu'un mettrait la main
sur Chrèsimos pour le réasservir, que le vendeur
Lykinos et le garant Athambos fournissent pour le dieu la garantie du
rachat, selon la loi de la cité. Et que de même
les premiers venus aient tout pouvoir pour protéger
Chrèsimos en tant que personne libre, sans risquer
d'encourir ni amende ni procès d'aucune sorte. Mais que
Chrèsimos demeure auprès de Lykinos pendant deux
ans à compter du quinzième jour du mois
d'Hérakleios sous l'archontat d'Emménidas,
faisant ce qui lui sera ordonné dans toute la mesure de son
possible. Si Chrèsimos ne demeurait pas auprès de
Lykinos pendant la durée prescrite, que Chrèsimos
paie à Lykinos deux mines d'argent. Si Chrèsimos
se rendait personnellement coupable d'un délit au cours de
ces deux années, que Chrèsimos paie
lui-même pour cette faute. Si par ailleurs
Chrèsimos tombait malade, qu'il compense les
journées perdues, et s'il lui en manquait quelques unes,
qu'il verse aussi une compensation. Témoins : les
prêtres d'Apollon Pythien Amyntas et Tarantinos,
Kléôn, et les particuliers Bachios,
Kallôn, Eunous, Ménès,
Kléandros et Archélaos. |
Notez dans le texte grec la rupture de construction
entre l'accusatif "eleutheron" à la ligne 5, qui se conçoit bien avec l'infinitif "eimen",
et juste après, dans la même phrase, les nominatifs : "anephaptos", puis "poiôn" et "apotrechôn".
Voyez ici un tableau où j'ai fait une petite comparaison
entre les actes où "eleutheros" reste au nominatif et ceux
où il est à l'accusatif, toujours dans la même
formule.
Un bouleute sans
son titre : Placé entre les prêtres
et les simples particuliers,
Kléôn
doit être l'un des bouleutes,
ce qui est confirmé par
l'acte n°4, daté
du même archontat, où parmi les bouleutes figure
un
Kléôn.
Ces deux actes contemporains ont aussi le même garant, Athambos
fils d'Athaniôn.
En rouge, une clause sur la durée de la
"paramonè" :
alors que le plus souvent la clause de "paramonè" stipule que
l'affranchi doit rester auprès de son ancien maître
jusqu'à la mort de ce dernier, ici, ce qui est rare,
on a une durée beaucoup plus limitée (deux ans),
mais assortie de clauses très strictes : toute journée de
présence et de service manquée devra être
rattrapée ou compensée.