initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan, Beroia-3.

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Mes dernières inscriptions de Beroia.

entree du musee

n°121

Beroia 121

Voici encore une inscription dont l'écriture est remarquable.
Elle est plus ancienne que les autres,
puisqu'elle date de la toute fin du Ier s. apr. J.C. ou du début du IIe s.
Nous verrons plus loin ce qui permet de dater cette inscription.

Observons tout d'abord qu'elle comporte deux parties :
les 7 premières lignes, profondément gravées, et la suite,
gravée plus légèrement, avec des lettres plus petites et de forme différente.

On observe, surtout à partir de la ligne 3, des fantaisies de graveur :

--> ainsi le mot  Σεβαστῶν : sebaston avec son 2ème sigma flottant et rond,
très différent du premier, et son ôméga plus petit ;

--> l'epsilon est tantôt carré, comme ci-dessus, tantôt rond comme ici dans le K : Ke ,
et plus bas, encore différent : epsilon.

--> Voyez aussi ce thêta losange dans un omicron rond : thata dans O.

--> Puis, également inclus dans un omicron, un iotaKOI, et un upsilonNOY.

--> Dans la deuxième partie, plusieurs ligatures, par exemple omicron+sigma : xandros,

--> Puis à nouveau un I dans l'O, et deux lambda qui se chevauchent : oi Apollo-.

--> et enfin la ligature O+Y, qui vit toujours dans l'écriture manuscrite grecque : OY.

Mais les deux derniers mots sont gravés d'une façon plus sobre et régulière.


Transcription et traduction :
τὸν δία βίου
ἀρχιερέα τῶν
Σεβαστῶν καὶ ἀγω-
νοθέτην τοῦ κοι-
νοῦ Μακεδόνων
Κ(όιντον) ❦ Ποπίλλιον
Πύθωνα Σ’ Βάσ-
τος, Τάρυς ❦ Ἀλέ-
ξανδρος ∙ οἱ Ἀπολλο-
δώρου ❦ Εὐποριανοὶ
Ὀρεινοὶ ❦ τὸν
  σωτῆρα. ❦

Le grand prêtre
à vie des Augustes,
et agonothète du koinon
des Macédoniens
Kointos Popillios Pythôn,
(ce sont)
Bastos, Tarys
et Alexandros,
les fils d'Apollodôros,
(de la cité) d'Euporia-en-montagne,
(qui ont honoré par ce monument)
leur sauveur.


Aucune mention d'une décision des synèdres.
Et en quoi le personnage honoré a-t-il sauvé ces trois hommes d'une obscure cité montagnarde ?
Nous l'ignorons.
Mais nous en apprenons bien plus sur le personnage honoré par une autre inscription de Beroia (EKM I, 117),
dont vous pouvez voir l'estampage à cette adresse, en cliquant sur l'image.
Voici sa transcription et sa traduction :

EKM I, 117
τὸν διὰ βίου ἀρχιερῆ τῶν Σεβαστῶν
καὶ ἀγωνοθέτην τοῦ κοινοῦ Μ<α>κε-
δόνων Κ(όιντον) Ποπίλλιον Πύθωνα πρεσ-
βεύσαντα ὑπὲρ τῆς πατρίδος Βεροί-
ας ἐπὶ θεὸν Νέρουαν ὑπὲρ τοῦ μό-
νην αὐτὴν ἔχε̣ιν τὴν νεωκορίαν τῶν Σε-
βαστῶν καὶ τὸ τῆς μητροπόλεως ἀξίω-
μα καὶ ἐπιτυχόντα καὶ δόντα ἐν τῷ
τῆς ἀρχιερωσύνης χρόνῳ τὸ ἐπικε-
φάλιον ὑπὲρ τῆς ἐπαρχίας καὶ ὁ-
δοὺς ἐκ τῶν ἰδίων ἐπισκευάσαν-
τα καὶ κατανγείλαντα καὶ ἀγαγόντα
εἰσακτίους ἀγῶνας, ταλαντιαίους,
θυμελικοὺς̣ καὶ γυμνικούς, δόν-
τα θηριομαχίας διὰ παντοίων ζῴων,
ἐντοπίων καὶ ξενικῶν, καὶ μονομαχί-
ας, ποιησάμενον δὲ κ<α>ὶ σείτων παραπρά-
σεις κ<α>ὶ ἐπευωνίσαντα ἐν καιροῖς ἀνανκ<α>ίοις
κ<α>ὶ διαδόμασιν παρ’ ὅλον τὸν τῆς ἀρχιαιρω-
σύνης χρόνον πανδήμοις κ̣α̣τὰ πᾶσαν σύ-
νοδον ὑποδεξάμενον τὴν ἐπαρχείαν καὶ
γυμνασιαρχίαις κοινῇ πᾶσιν ἑαυτὸν εὔχρη-
στον ἐν παντὶ χρόνῳ παρασχόμενον κ<α>ὶ κα-
τ’ ἰδίαν προσηνῆ πολείτην, φυλὴ Πευκαστι̣-
κὴ τὸν εὐεργέτην. ἐπεμελήθη Διοσκουρίδης
                      Ἀλεξάνδρου.
Le grand-prêtre à vie des Augustes
et agonothète du koinon des Macédoniens
Kointos Popillios Pythôn,
qui a été ambassadeur
au nom de sa patrie Beroia auprès du divin Nerva,
pour demander que seule elle (= Beroia)
ait la néocorie des Augustes
et le titre de métropole, qui a réussi (son ambassade),
qui a versé, durant tout le temps où il était grand-prêtre,
l'impôt au nom de la province,
qui a fait réparer de ses deniers les routes,
qui a proclamé et réalisé des concours égaux aux concours d'Aktion,
dont le prix est d'un talent, concours scéniques et gymniques,
qui a offert des combats de bêtes fauves
de toutes sortes,
tant locales qu'exotiques, ainsi que des combats de gladiateurs,
qui a fait des ventes de grain à très bas prix
pendant les périodes critiques,
qui a apporté son support à la province
en faisant des distributions d'argent à tous à chaque assemblée,
pendant tout le temps où il était grand-prêtre,
qui s'est toujours montré généreux pour la communauté lors de ses gymnasiarchies,
et un citoyen attentif aux besoins de chacun.

(C'est) la tribu Peukastikè (qui a honoré par ce monument) son bienfaiteur.
S'en est chargé Dioskouridès fils d'Alexandros.


Bien que je n'aie pas photographié moi-même cette inscription,
l'observation de l'estampage m'amène à faire quelques remarques :

--> Les éditeurs ont considéré que le graveur avait omis certaines lettres, restituées entre crochets obliques.
Mais il serait surprenant que le graveur, à partir de la ligne 17, ait presque systématiquement "oublié" l'alpha du mot KAI.
N'était-ce pas plutôt une habitude de prononciation, ou une simple ligature, de remplacer KAI par KI,
comme c'est le cas dans la prononciation du grec moderne quand le mot suivant commence par une voyelle ?

--> Autre "oubli" supposé : A la fin de la ligne 2, les éditeurs ont pensé que le graveur avait oublié le A de MAKE-.
Mais si vous regardez bien l'estampage : MAKE
il semble bien que l'alpha se cache dans la moitié droite du mu.

--> Enfin, ce qui rend la lecture de l'inscription estampée un peu délicate, c'est la forme très semblable des sigma et des epsilon :
Voici un sigma : sigma   et un epsilon : epsilon.
Troublant, non ?


Mais venons-en maintenant au contenu du texte.

--> Quel homme ! Il devait être d'une richesse incroyable, peut-être l'un des plus riches de toute la province de Macédoine,
pour réaliser tout ce qui est mentionné dans cette dernière inscription !

--> Le fait qu'il soit allé en ambassade auprès de l'empereur Nerva nous donne une indication chronologique,
puisque Nerva n'a régné que de 96 à 98 apr. J.C.
Mais nos inscriptions peuvent dater de plusieurs années, et même de quelques dizaines d'années après son ambassade,
d'où une datation entre la toute fin du Ier s. et le début du IIe s. apr. J.C.

--> Un détail intéressant : la cité de Beroia lui a demandé de plaider sa cause auprès de l'empereur
pour qu'elle seule ait l'honneur d'être en charge du culte impérial (par la néocorie et le titre de métropole).
Cela signifie qu'une autre cité de Macédoine avait pu revendiquer de partager avec elle ces privilèges,
et l'on songe bien sûr à Thessalonique.
Mais alors que Thessalonique était le siège du gouverneur romain de la province,
l'empereur a réaffirmé le rôle religieux prééminent de la cité de Béroia,
qui était la capitale du koinon des Macédoniens.



entree du musee

Nous terminerons cette visite dans le jardin du musée de Beroia avec
quatre inscriptions funéraires.

n°211

Beroia 211

Transcription et traduction :
Ἀμμία Πα-
ραμόνου
Πετρωνι-
ανῷ Θησεῖ
τῷ ἑαυτῆς
ἀνδρὶ μνεί-
ας χάριν.
     ❦

Ammia fille
de Paramonos
pour Petrônianos
Théseus,
son époux,
en souvenir.





entree du musee

n°229

Beroia 229

Beroia 229

Un effet de style dans cette gravure, par ailleurs très régulière :

des sortes de tilde servant d'interponction : tilde

 soit pour séparer des mots,

soit pour isoler l'iota du nom de la jeune fille : E-I-D,

soit pour former la barre médiane de la lettre êta : H.


Transcription et traduction :
Ἐλπὶς ~ Χρυ-
σε~~δι~τῇ
γλυκυτά-
τῃ θυγατρ[ὶ]
μνείας χά-
    ριν.
    ❦

Elpis,
pour Chryséis,
sa très
douce fille,
en souvenir.





entree du musee

n°307

Beroia 307

Beroia 307

La gravure, très lisible, est cependant moins soignée, moins sophistiquée.
Apparaît pour la première fois l'ôméga minuscule.
Les lettres sont moins bien alignées, et une syllabe a été oubliée :
on lit en effet ἑαυ  au lieu de ἑαυτοῦ.

Transcription et traduction :
Τι(βέριος) Φλ(άβιος) Λέων Κλαυδί-
αν Βυζαντίαν
τὴν ἑαυ<τοῦ> γυναῖκα
μνείας χάριν.

Tiberios Flavios Léôn,
(a élevé le monument de)
Klaudia Byzantia,
son épouse,
en souvenir.





entree du musee

n°332

Beroia 332

Beroia 332

Voici une écriture encore différente, plus familière, avec ses mu arrondis,
sans effet de style, avec une petite "faute" de grammaire :
τελευτήσανταν au lieu de τελευτήσαντα.

Transcription et traduction :
 Ἐπιγόνη
Παράμονον
 τὸν υἱὸν
τελευτήσαν-
ταν ἐν ἀποδη-
μίᾳ, μνήμης
   χάριν.

Epigonè
(a élevé le monument de)
Paramonos
son fils,
décédé
lors d'un voyage.
En souvenir.





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