![]() SEG 52,
596, vers 150-200 apr. J.C.
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Cette inscription
pose un problème de lecture, malgré la netteté de la gravure. En effet la suite : ![]() doit-elle être comprise : - comme l'article au datif suivi d'un nom au génitif ? On voit souvent de ces confusions entre génitif et datif dans des inscriptions funéraires, mais beaucoup plus tardivement. - ou bien comme une simple omission d'un sigma par le graveur, à cause du sigma qui suivait ? Je pencherais pour cette interprétation, qui permettrait de comprendre ![]() comme le génitif d'un prénom ![]() construit sur le nom d'une tribu de Bactriane, les Amareis. Je propose donc comme traduction : "Klaudia (a élevé la stèle funéraire) d'Amareinè, sa compagne, en mémoire d'elle". Ou bien : "Klaudia (a élevé ce monument) en mémoire d'Amareinè sa compagne". |
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On a des
parallèles pour "syntrophos", par exemple cette inscription funéraire de Tychikè à la mémoire de son compagnon Antylaos: ![]() (I.Stratonikeia 1371) Mais il est à remarquer que le mot est beaucoup plus souvent utilisé comme nom propre que comme nom commun désignant le compagnon ou la compagne. Ainsi à Thasos : ![]() (IG XII,8 481) |
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![]() SEG
39:580 — règne d'Hadrien
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![]() traduction : "Pour moi, Léôn, qui l'ai élevée, Philippè a érigé cet autel, m'accordant ainsi une bien grande faveur pour mes menus services !" |
remarque sur la
formulation : C'est Philippè qui a fait ériger l'autel, et la phrase qu'elle a fait graver pourrait sembler diminuer les mérites de Leôn, mais en réalité Philippè "fait parler" Leôn et accentue encore de ce fait la modestie et le dévouement de cet homme, sans doute un esclave, qui a pris soin d'elle pendant toute sa jeunesse. remarques sur l'écriture : belle gravure, apices, psi dépassant vers le haut, êta dont la barre médiane ne touche pas les deux jambages, et notez les deux ligatures à la troisième ligne, dont j'ai repassé en rouge le trait commun : ![]() |
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![]() traduction : A Markos Kornelios Maximianos. Markos Kornelios Markellianos (a fait ériger cet autel) pour son frère |
Les deux frères ont des noms purement romains, que l'on pourrait écrire ainsi : Marcus Cornelius Maximianus et Marcus Cornelius Marcellianus. remarquez la gravure fine et régulière, avec des lettres lunaires, et la forme du xi. |
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![]() traduction : Hermogénès, pour Noumènios et Sunphérousa, ses parents, en souvenir. |
remarque sur le sens des noms : Hermogénès, qui est un nom assez courant, signifie : descendant (ou fils) d'Hermès, comme Diogénès = descendant (ou fils) de Zeus. Voir d'autres noms "théophores" ici. Noumènios = la nouvelle lune Sunpherousa = celle qui est profitable. Notez la graphie du mot KAI : KE, indice du changement de la prononciation. A l'époque où cette pierre a été gravée, AI se prononçait donc déjà /e/ comme en grec moderne. |
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![]() SEG
44:525 — entre 100 et 150 apr. J.C.
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Je n'ai
photographié que la face avant. Il y a sur le côté gauche une autre inscription qui est une menace contre ceux qui violeraient la tombe. La pierre a été trouvée en remploi dans le rempart de Dion. L'épigramme est disposée, ce qui est tout à fait exceptionnel, en colonnes verticales d'une lettre de large chacune. Elle se compose de quatre vers, chacun étant réparti sur deux colonnes successives, mais que j'ai transcrits ci-contre horizontalement. L'inscription est partiellement bilingue. On imagine que le poète Cavafy, s'il l'avait connue, aurait fait son miel d'une telle inscription. Voir sa biographie, et pour ceux qui lisent le grec, ses poèmes. |
![]() traduction : "Marcus Domitius Pyrilampès a vécu 23 ans. Moi qui aimais les chasses, et qui n'avais fait de tort à personne, Intolérablement la terre de Macédoine s'est emparée de moi. Si tu demandes mon nom, dis-moi en me hélant : "Salut, Pyrilampès, Jeune homme dont la vie s'est finie bien trop tôt !" Marcus Domitius Pyrilampès, qui a vécu 23 ans." |
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![]() ma traduction : Venouleios Eutychianos à Aurelia Lykodenè (?) son épouse, en souvenir. (monument érigé) à ses propres frais. |
Si
le sens de l'inscription est clair, les noms de ces deux personnes m'ont posé quelques problèmes, dont l'un n'est pas résolu. Le nom de la première ligne est rare, mais j'en ai trouvé deux autres attestations, l'une à Thessalonique et l'autre en Thrace. Eutychianos par contre est très courant, il est en rapport avec l'idée du bonheur. Aurelia est encore plus courant, surtout après l'édit de Caracalla. Mais le deuxième nom de cette Aurelia reste pour moi mystérieux. Je ne sais comment lire la dernière lettre de la troisième ligne, et aucun nom connu ne semble se terminer par "-denè". Toute aide serait la bienvenue. |
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![]() SEG 52:597 |
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traduction : Lykos (fils) d'Epiktas et Ailia Hymnis, pour Adymos leur enfant, en souvenir. Salut à vous ! Notez la gravure très fine et nette, les lettres lunaires, et le jambage de droite des alpha, des lambda et des delta qui dépasse en haut vers la gauche, ainsi que le petit signe de ponctuation au milieu de la cinquième ligne. |
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![]() traduction : Aurelios pour sa chère femme et ses enfants. Salut, passant ! Remarquez que le graveur, sans doute bien modeste tout comme son commanditaire, n'a pas su faire tenir son texte dans le cadre. Une seule ligature, assez maladroite aussi, (P+E) à la dernière ligne. |
La graphie témoigne de l'évolution de la prononciation : ![]() On voit que le phénomène de l'iotacisme, c'est-à-dire l'évolution vers le son /i/ du êta et des anciennes diphtongues "ei" et "oi" est déjà accompli. Par ailleurs l'adjectif ![]() qu'on attendrait au féminin pour s'accorder avec ![]() peut-être pour englober aussi les enfants (quant au genre, mais pas quant au nombre) ? |
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![]() SEG 52:600 traduction : Ce tombeau, Sabeinos et Neikandra l'ont fabriqué ensemble, de leurs propres épaules, en se souvenant de la mort. |
La
formulation est intéressante : D'abord par cette expression unique : "Ils l'ont fait de leurs propres épaules", qui est renforcée par la représentation des deux outils. Ensuite par l'expression "se souvenant de la mort", qu'on pourrait gloser ainsi : "en prévision de leur mort", ou : "en pensant à leur mort future", ou bien "sachant qu'ils mourront un jour". Je ne connais pas d'autre exemple de cette formule. D'habitude ceux qui faisaient construire leur monument funéraire de leur vivant l'indiquaient avec le participe ![]() = "de son (de leur) vivant". Cet autel funéraire doit dater de la fin du IIe ou début du IIIe s. apr. J.C. L'orthographe est "conforme", mais le verbe à l'aoriste a déjà perdu son augment. |