initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan, l'Amphiareion-7

à l'Amphiareion d'Oropos,

base n°7.

Avançons de quelques mètres, et nous trouvons encore une base de statue équestre.
Parions qu'elle a été réutilisée pour un Romain ...

Approchons-nous. Le centre a été érasé. Mais que lit-on au dessus ?

Epigr. tou Oropou 449, 49/48 av.J.C.

Un peu délicat à lire ? Zoomez sur l'image pour vous faciliter la tâche.

Pari gagné, c'est bien une dédicace pour un Romain :

Le peuple des Oropiens (dédie cette statue d') Appius Claudius Pulcher, fils d'Appius,
à Amphiaraos.

Beaucoup de consuls romains ont porté ce nom. Le nôtre serait celui, consul en 54 et mort en 48,
qui a fait édifier ou restaurer les petits propylées d'Eleusis.

Examinons maintenant le bas de la pierre :

Epigr. tou Oropou 421, vers 225 av.J.C.

Que voilà une signature intéressante ! Pour la première fois,
elle est accompagnée d'un élément de datation :
la mention du prêtre en exercice.

Agatharchos fils de Dionysios, Béotien, a fait.
Sous la prêtrise d'Orôpodôros.

- Le sculpteur est nommé non pas avec l'ethnique d'une cité, mais avec celui du koinon béotien.

- Le nom de ce prêtre de l'Amphiaraos d'Oropos signifie "don d'Orôpos",
ce qui peut paraître étrange si Oropos n'est que le nom d'une cité,
car on n'a pas d'autre exemple de nom de personne formé avec un nom de cité suivi de "-dôros".
On connaît de nombreux noms de personnes formés avec un nom de dieu suivi de -dôros,
par exemple Athènodôros, Dionysodôros, Apollodôros, Asklèpiodôros, Artémidôros.
Et parce que les fleuves importants étaient considérés par les Grecs anciens comme des divinités,
on a formé des noms de personnes avec ces noms de fleuves :
ainsi, pour ne citer que cet exemple, à partir du Céphise, on a formé "Céphisodôros".
Il faudrait donc considérer que le nom Oropos, à l'origine du moins,
désignait un fleuve assez important pour être divinisé.
Or le seul fleuve important de la région est l'Asôpos.
La déformation de ce nom en Orôpos peut s'expliquer par les traits du dialecte d'Erétrie,
justement à l'époque où Erétrie a fondé la cité d'Oropos.
C'est la conclusion à laquelle est arrivé le professeur D.Knoepfler.

La charge de prêtre d'Amphiaraos à Orôpos devait être annuelle, du moins à l'époque de notre inscription,
car un décret concernant des travaux de réparation, et les emprunts nécessaires pour ce faire,
précise qu'il faudra rembourser ces emprunts

= l'année après la prêtrise d'Orôpodôros.

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