initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan : visite à Eleusis, Faustine et Sabine.

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fragment de core  à Eleusis,  canephore monumentale

les dédicaces à Faustine et Sabine.


Je présente ensemble ces inscriptions, qui se trouvent toutes deux près des grands propylées (plan, n°3),
et qui sont très semblables.

Faustine
Sabine
IG II² 3398, SEG 39:243,C, peu après 180 apr. J.C.
texte Faustine
Faustine, fille du dieu Antonin.


IG II² 3401, SEG 39:243,D, peu après 180 apr. J.C.
texte Sabine
Sabine, fille du dieu Antonin.


Ces deux inscriptions très courtes sont l'occasion tout d'abord de faire le point sur :

- la confusion entre les graphies I et EI en grec :
 toutes deux correspondaient à la prononciation du son [i] à l'époque impériale.

- la déification, divinisation ou apothéose des empereurs romains :
Normalement, comme l'écrit l'historien romain Tacite, (Annales, XV 74,4) :
deum honor principi non ante habetur, quam agere inter homines desierit.
(traduction : Le prince n'acquiert les honneurs divins que lorsqu'il a quitté le monde des hommes.)
Nuance pas toujours respectée entre "divus" et "deus" en latin, mais plus souvent entre "theios" et "theos" en grec.

Mais qui sont exactement ces deux femmes ?

Pour la première
, "Faustine fille du dieu Antonin"
,
la première hypothèse qui vient à l'esprit est qu'il s'agirait de Faustine la jeune,
fille d'Antonin, qui devint l'épouse de l'empereur Marc Aurèle.
Elle mourut en 176. Elle a été très décriée par les historiens antiques,
mais à sa mort son époux Marc Aurèle l'a fait diviniser, et on a retrouvé,
surtout en Asie Mineure, plusieurs dédicaces à "Faustina thea".
Pour un plaidoyer en sa faveur, voir en particulier ce discours d'Ernest Renan.

tête de Faustine la jeune au musée du Louvre                 
tête de Faustine la Jeune, musée du Louvre          tête de Marc Aurèle, musée du Louvre


Mais est-ce bien de cette Faustine dont il est question ?

Deuxième hypothèse :
Marc Aurèle a eu de sa femme Faustine la Jeune de nombreux enfants, dont deux Faustine et une Sabine...
La "Faustine fille du dieu Antonin" de notre dédicace pourrait donc être une fille de Marc Aurèle,
lequel portait entre autres, comme son père adoptif, le nom d'Antonin.
Mais selon l'usage rappelé ci-dessus, il n'a été appelé "dieu" (en grec "theos") qu'après sa mort.
Auparavant il était appelé "divin" (en grec "theios").
Et comme Marc Aurèle est mort en 180, le fait de dater cette dédicace d'après 180
peut faire penser que le "dieu Antonin" en question est Marc Aurèle,
et dans ce cas cette Faustine est sa fille.

Venons-en maintenant à "Sabine fille du dieu Antonin".
La similitude des inscriptions incline à penser qu'elle est la soeur de notre Faustine,
et que son père est donc Marc Aurèle divinisé après sa mort.
Attention : La Sabine célèbre au début du  IIe s. apr. J.C. était l'épouse de l'empereur Hadrien,
mais elle ne peut être appelée "fille du divin Antonin".
Pour vous repérer dans la chronologie des empereurs, vous pouvez consulter cette page.




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