Septimios de Nicomédie :

un palmarès impressionnant !

Cette fois nous ressortons même du sanctuaire.
Nous nous trouvons sur l'esplanade que l'on a coutume d'appeler l'agora romaine.
On y a disposé un certain nombre de pierres inscrites, dont celle-ci :

On voit qu'elle portait un trou de scellement pour la statue du personnage.
Profitons de deux éclairages différents pour la lire :

SEG 54 (2004) n°536, IIIe s. apr. J.C.

Un clic sur l'image de droite vous en donnera une meilleure.

Septimios Aur(élios) Markianos
de Nikomédie et aussi Athénien,
vainqueur des concours ci-dessous :
les Olympia de Pise, les Pythia 2 fois,
les Isthmia 2 fois, les Némeia 2 fois,
les Capitolia à Rome, les Anto-
nineia Pythia à Rome, les Eusébeia
à Pouzzoles 2 fois, les Sébasta à Naples,
les Panhellénia à Athènes 2 fois, les Olympia
à Athènes, les Panathénaia, les Hadrianeia
à Athènes, les Dionyseia Hérakleia
Antonineia à Thèbes, les Olympia
à Smyrne 2 fois, les Balbilleia à Ephèse,
les Olympia à Ephèse, les Augusteia
à Pergame 2 fois, les Trajaneia à Pergame,
les concours fédéraux de Bithynie à Nikomédie 2 fois
et le prix "toutes catégories", les Sévéreia à Niko-
médie 2 fois et le prix "toutes catégories",
les Antonineia à Nicée 2 fois et le prix
"toutes catégories", les Aktia à Périnthe 2 fois
et le prix "toutes catégories", les Olympia à Cyzique
et le prix "toutes catégories", les Antonineia
à Byzance, les Antonineia à Césarée près du mont Argaios.

41 prix en tout, si je compte bien ! Et dans tout le monde grec antique :

La spécialité dans laquelle cet homme a remporté toutes ces victoires n'est pas précisée.
Mais comme les épreuves "dia panton" (= toutes catégories) étaient des prix accordés par le jury
aux meilleurs des vainqueurs dans les diverses épreuves d'un concours musical
(aulètes, citharèdes, tragédiens et comédiens, pantomimes mais aussi hérauts et trompettes),
et que d'autre part notre homme a concouru à Olympie, aux Panhellénia d'Athènes, et aux Olympia d'Ephèse,
où il n'y avait pas de concours musicaux, il a donc dû participer à tous ces concours en tant que trompette ou héraut,
ouvrant les concours athlétiques et musicaux, ou annonçant les résultats.

Les différents concours où notre champion a remporté le prix :

1) les 4 concours de la "période" classique :

1 fois aux Olympia de Pise (les fameux Jeux Olympiques)
2 fois aux Pythia de Delphes
2 fois aux Isthmia
2 fois aux Néméa

2) en Italie,

une sorte de "circuit" ou "periodos" que l'on retrouve dans plusieurs autres palmarès (par exemple celui-ci) :
1 fois aux Capitolia à Rome
2 fois aux Eusèbeia de Pouzzoles, près de Naples
1 fois aux Sébasta à Naples

et ici, en plus : 1 fois aux Antonineia à Rome

3) à Athènes :

2 fois aux Panhellènia à Athènes
1 fois aux Olympeia à Athènes
1 fois aux Panathénées (le grand concours d'Athènes)
1 fois aux Hadrianeia à Athènes

4) à Thèbes :

1 fois aux Dionyseia Hérakleia Antonineia à Thèbes

5) en Asie Mineure :

2 fois aux Olympia à Smyrne
1 fois aux Balbilleia à Ephèse
1 fois aux Olympia à Ephèse
2 fois aux Augusteia à Pergame
1 fois aux Traianeia à Pergame

6) en particulier près de chez lui, en Bithynie et sur les deux rives de la Propontide :

2 fois au concours du koinon de Bithynie à Nicomédie
avec le prix "toutes catégories",
2 fois aux Sévéreia à Nikomédie
avec le prix "toutes catégories",
2 fois aux Antonineia à Nicée
avec le prix "toutes catégories",
2 fois aux Aktia à Périnthe
avec le prix "toutes catégories",
1 fois aux Olympia à Cyzique
avec le prix "toutes catégories",
1 fois aux Antonineia à Byzance.

Le prix "toutes catégories" semble donc être une spécialité de cette région.

7) enfin en Cappadoce :

1 fois aux Antonineia à Césarée près d'Argaios.
Il s'agit de Césarée de Cappadoce, l'actuelle Kaiseri. Le mont Argaios, actuel Mont Erciyes,
à une vingtaine de km au sud de Kayseri, est la plus haute montagne d'Anatolie, et culmine à près de 4000m).
Cette montagne était représentée sur les monnaies antiques de Césarée.

Un peu de chronologie :

Le nom Septimius est un "terminus post quem", et Aurelius aussi,
encore que des vainqueurs célèbres aient pu porter ce nom dès l'empereur Marc-Aurèle.
Les Sévéreia et les Antonineia en sont aussi,
puisque les Antonineia ont sans doute été fondés vers 214 apr. J.C.
en l'honneur de Caracalla, qui s'appelait Antoninus,
et que les Sévéreia furent fondés en l'honneur de Septime Sévère.

Quant aux Balbilleia, ils avaient été fondés en l'honneur de Titus Claudius Balbillus d'Ephèse,
astrologue personnel de l'empereur Claude, qui devint après la mort de Claude
l'astrologue conseiller de Néron. A partir de 64 il s'installa à Ephèse.
L'empereur Vespasien (69-79) autorisa en son honneur (d'aucuns disent que Balbillus les créa lui-même)
les Balbilleia à Ephèse, qui durèrent jusqu'au IIIe s. (d'après Dion Cassius 65.9.2).

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