initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan : des juges étrangers à Delphes.

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Trois juges étrangers sont venus à Delphes.


Ils ont répondu à la demande de la petite cité de Delphes, et sont venus d'Oponte
pour résoudre en toute impartialité des conflits que les Delphiens eux-mêmes n'arrivaient pas à juger.
Cette procédure n'était pas exceptionnelle du tout dans le monde grec antique,
et une fois les litiges soit résolus à l'amiable, soit tranchés par un jugement accepté des deux parties,
les juges en question retournaient dans leur cité, accompagnés d'éloges décernés par la cité qui avait fait appel à eux.
C'est un tel décret honorifique que nous allons lire.
Il a été gravé sur la gauche de cette exèdre :

exedre

qui se trouve sur l'aire du sanctuaire,
et que vous pouvez repérer sur ce dessin, ou sur cette maquette que j'ai photographiée au musée
(L'exactitude de ces reconstitutions n'est pas et ne sera sans doute jamais assurée à 100%).
C'est en contrebas du temple d'Apollon, juste en face du portique des Athéniens.

Et comme j'ai eu la chance, après plusieurs essais,
 de profiter d'une belle journée ensoleillée d'hiver pour photographier cette inscription avec un éclairage rasant,
je vous propose de la déchiffrer par vous même, avant de lire la transcription et la traduction.
La voici :

décret pour des juges étrangers

Cliquez donc sur la photo pour obtenir un agrandissement, et lancez-vous !
La partie rosée, à gauche, est certes usée et vous aurez du mal à discerner toutes les lettres,
mais la partie droite ne devrait pas vous poser de problème.

voici maintenant la transcription et la traduction,
que vous pourrez comparer à votre propre déchiffrement :

le décret pour les juges Que le dieu (nous accorde) la (Bonne) Fortune !
Il a plu à la cité des Delphiens, en assemblée plénière avec votes règlementaires :
attendu que les Opontiens  avaient déjà par le passé
des dispositions très bienveillantes envers notre cité,
et que dernièrement, comme une ambassade  avait été envoyée auprès d'eux
par notre cité afin qu'ils choisissent comme juges trois hommes
qui viendraient chez nous pour procéder à des jugements en toute équité,
ils ont bien accueilli notre envoyé,
et ayant prêté une oreille favorable à sa demande,
ils ont tenu compte des relations amicales qu'ils ont eues
depuis toujours avec notre cité, et ont envoyé comme juges
Sôsthénès fils d'Harmôn, Tharsèn fils d'Armenos, Ainèsôn fils de Boulikos,
et comme greffier Ménéstas fils de Polémarchos.
Arrivés (chez nous) ces hommes ont séjourné et se sont conduits
d'une façon digne de ceux qui les avaient envoyés et de notre cité,
et parmi les litiges ils en ont jugés certains,
et ont résolu les autres par conciliation,
faisant le plus grand cas de la piété envers les dieux,
de la justice et de l'intérêt de tous les Delphiens.
Plaise à la cité d'accorder l'éloge à la cité des Opontiens
pour l'envoi de ces hommes, et d'accorder aussi l'éloge
aux juges Sôsthénès fils d'Harmôn, Tharsèn fils d'Armenos,
Ainèsôn fils de Boulikos, et au greffier Ménéstas fils de Polémarchos
et de leur décerner une couronne de laurier
comme c'est la coutume ancestrale chez les Delphiens ;
qu'ils aient droit, eux et leurs descendants,
à la proxénie, à l'isopolitie, à la promantie, à l'asylie, à l'atélie,
à la proédrie lors de tous les concours que la cité organise,
et à tous les autres honneurs réservés aux autres proxènes
et bienfaiteurs de la cité.
Que les épidamiurges Antigénès et Mnasithéos
leur fassent parvenir les présents d'hospitalité
les plus importants qu'autorisent les lois.
Etant archonte Philokratès, et étant bouleutes pour le deuxième semestre
Xénôn fils de Philokratès, Astoxénos et Aristiôn.


On peut en rester là. Mais on peut aussi

- s'intéresser aux personnages qui sont cités dans ce décret, et chercher s'ils sont connus par ailleurs ;
- et vouloir comprendre en quoi consistaient exactement ces différents honneurs qui sont décernés à ces juges.

C'est ce que je vous propose maintenant : rendez-vous ici.



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