initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan.

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Démétrias

situation de Demetrias
 
C'est en 293 av. J.C. que le roi macédonien Démétrios Poliorcète fonda, à 7 km à l'ouest de l'actuelle Volos, sa nouvelle capitale maritime,  Démétrias. La nouvelle ville devint vite importante. Sa position stratégique en fit un port très actif et par voie de conséquence une ville cosmopolite, comme en témoignent les stèles funéraires. La ville déclina lorsque la Macédoine fut démantelée en 168 av. J.C. par les Romains, et on réutilisa les stèles funéraires lors de la réparation du rempart de la ville, sans doute au 1er s. av. J.C.
L'homogénéité d'écriture sur ces stèles s'explique par le fait qu'elles datent toutes de la période 293-168 av. J.C.

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la découverte des stèles

Ces stèles peintes furent mises à jour il y a tout plus de 100 ans par l'archéologue grec A.Arvanitopoulos qui les publia dans le recueil Thessalika Mnemeia, Athanasakeion Mouseion en Voloi. 1909, abrégé en "Thess. Mnemeia"
certaines de ces inscriptions ont aussi comme référence "Polemon", qui est une revue archéologique grecque : Polemon. Epistemonikon archaiologikon periodikon.
Parmi les épitaphes, celles qui sont en vers ont été reprises par W.Peek dans son ouvrage Griechische VersInschriften aus Thessalien, 1974, abrégé en "GVI".

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la peinture

Pourquoi la peinture de ces stèles s'est-elle conservée, alors que presque toutes les autres oeuvres des peintres grecs antiques, si admirées de leur temps, ont hélas disparu ?
C'est que ces stèles ont été remployées assez tôt comme matériau de remplissage des tours du rempart de la ville en proie à plusieurs attaques pendant la période troublée qui vit s'affronter les royaumes hellénistiques et les Romains. Et surtout, comme un revêtement de briques crues protégeait les remparts, ni la pluie ni le soleil n'ont pu altérer les couleurs dont ces marbres étaient peints.

Etait-ce un luxe, de peindre ainsi des stèles funéraires ?

    Oui si on les compare aux petites colonnettes funéraires (appelées "cippes"), dont voici un exemple :

cippes ceramique athenes

    Mais non si on les compare aux monuments funéraires ornés de bas-reliefs, qui étaient beaucoup plus coûteux à réaliser :

stele musee nat athenes

    Ce qui en fait le prix, pour nous, c'est leur rareté parmi les vestiges archéologiques de la Grèce antique.

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les noms des Grecs

En lisant des inscriptions funéraires, on comprend vite comment fonctionnait le système des noms de personnes.
En général, lorsqu'un individu était (ou mourait) dans sa cité, on ne le nommait que par son nom personnel, suivi au génitif du nom de son père (son patronyme).
Tandis qu'un individu qui n'était pas dans sa patrie d'origine faisait suivre son nom et son patronyme d'un adjectif appelé son "ethnique", comme par exemple :
"Diodotos (fils) de Timothéos, Macédonien".

Il arrivait que l'ethnique soit double, comme on le voit pour les Crétois dans le tableau ci-dessous.

(Le cas des Athéniens était un peu particulier. La cité étant divisée en "dèmes", un Athénien dans sa cité faisait suivre son nom et le nom de son père d'un adjectif appelé "démotique". Mais s'il voyageait hors du territoire de l'Attique, il portait simplement l'ethnique "athènaios").
Voir la page sur le Céramique.

Remarque :
Losqu'une personne n'était désignée que par son nom personnel, on peut penser qu'elle était suffisamment célèbre pour ne pas avoir besoin de préciser le nom de son père. C'est peut-être le cas ici pour Thersagoras, Argas et Sôcratès, dont le nom n'est suivi que de leur ethnique.

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Une ville cosmopolite

Le tableau suivant, formé à partir de toutes les épitaphes collectées ici, permet de constater qu'on venait de loin à Démétrias, pour y vivre, y faire du commerce, ...ou mourir à la guerre :


1) étaient sans doute de Démétrias (leur épitaphe ne comporte pas d'ethnique) :

    - Stratonikos fils de Stratôn
    - Antimachos fils d'Antimachidès
    - Démétrios fils d'Olympos
    - Hédistè, morte en donnant naissance à son enfant, mort lui aussi
    - Choirilè fille d'Hérakliodoros
    - Ménophilos fils de Masas
    - Antigénès fils de Sôtimos
    - Kléôn fils de Timothéos et Artémisia son épouse
    - Zoïlos fils d'Anaxagoras et Boulomaga fille de Méléagros
    - Pènèis fille de Mètrodôros et Hérodotos fils de Sôsippos


2) venaient d'autres cités ou régions de Grèce :

    - de Gomphoi (ouest de la Thessalie) : Mousis fille de Philiarchos
    - de ThèbesLysippos fils de Xénophanès et Philonikos fils de Polyarchos
    - d'Amphipolis : Ménélaos fils d'Hégésidèmos
    - de Thessalonique : Machatas fils de Mélanthios
    - de Macédoine : Diodotos fils de Timothéos
    - de Cassandreia : Hédylè, épouse de Chairigénès
    - d'Héraclée (plusieurs villes possibles) : Olympos fils d'Hérakleidès
    - d'Apollonia (d'Illyrie ou de Macédoine ?) : Andronikos fils de Chairémôn
    - d'Epire : Parméniskos fils d'Alexandros
                    Aphrodisia, fille de Théodotos

    - de Chalcédoine : Apollodôros fils de Dionysios

    - de Bithynie : Boïôn fils de Biôn

   
- de Magnésie du Méandre (vraisemblablement) : Prôtésilaos fils de Prôtiôn

    - de Polyrrènia, en Crète : Thersagoras
    - de Rhaukos, en Crète : Argas
    - de Lyttos, en Crète : Chalkokèdès fils d'Ikarios
    - de Tylisos, en Crète : Archidikè fille d'Aristomachos

    - de l'île de Cos : Sôkratès

    - de l'île de Kéos : Aristokydès fils de Xénoklès

    - de l'île de Zakynthos : Lykidas fils de Thrasyménès

    - d'Askalon  (en Phénicie) : Iasôn fils d'Antipatros

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