initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan, solutions Louvre 1.

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réponses aux questions sur l'alphabet archaïque athénien

1.
Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :
ΚΑΛΛΙΞΕΝΟΣ

Voyez comme le lambda est proche du L latin. Il va ensuite se retourner.
Jusqu'en 403 av. J.C., les Athéniens ne connaissaient pas la graphie simple
Ξ
pour noter les deux sons qui composent le ksi.
Ils l'empruntèrent aux Ioniens, de même que le psi, l'êta et l'ôméga.
Vous remarquez aussi que le sigma n'a que trois branches.
Il n'en aura une quatrième que quelques décades plus tard.





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2.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :
ΤΙΜΟΔΗΜΟΣ

Mais au Ve s. av. J.C., à Athènes, on ne notait pas encore la différence
entre un "e" bref et un "e" long, ouvert ou fermé.
Ce nom est formé avec le mot "δμος", le peuple.
La lettre H servait encore à noter l'aspiration initiale.





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3.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :
AΡΙΣΤΟΓΕΝΗΣ

Attention, le gamma est un faux ami : ne le prenez pas pour un lambda,
qui à cette époque ressemble plus à notre L.

Quant à la terminaison du nom, pas d'hésitation à avoir :
depuis l'Antiquité et jusqu'à nos jours,
de nombreux noms de personne en Grèce se terminent par
-ΗΣ.





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4.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :
AΡΙΣΤΟΚΛΗΣ

Ce qui a changé par rapport à la stèle précédente,
c'est surtout la forme du sigma : il a maintenant quatre branches.

Mais le lambda a toujours sa forme archaïque,

et le "e" long est encore noté par un epsilon.

Notons cette terminaison très fréquente de nom de personne,
en -κλης, qui signifie la gloire, la renommée,
et que l'on a par exemple dans Héraklès, Damoklès, Périklès.




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5.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :
ΞΕΝΟΧΑΡΗΣ


Vous voyez que la lettre unique ksi n'existe pas encore,
la transcription des deux sons se fait encore avec khi + sigma.

Vous reconnaissez ξένος, l'étranger, l'hôte.





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6.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :
ΠΑΥΣΑΝΙΑΣ

Aucune difficulté pour lire ce nom, courant dans la Grèce antique.
Si on voulait en retrouver le sens originel, ce serait :
qui apaise les soucis.
Mais il ne s'agit ici ni du général spartiate, vainqueur des Perses à Platées,
ni du célèbre périégète (auteur d'un guide touristique) qui vécut au IIe s. apr. J.C.





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7.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :
ΚΑΛΛΙΦΩΝ

Les lambda vous sont maintenant familiers.

Le phi a déjà sa forme classique.

Enfin l'ôméga n'existe pas encore, mais nous savons
que de nombreux noms d'hommes se terminent au nominatif
par -ων. Et vous reconnaissez le mot φωνή, la voix.





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8.


Entre 450 et 403, car il est :

- plus récent que la première liste des
citoyens morts à la guerre, stèle qui datait de 460/459,

- mais gravé avant la réforme de 403.

Et de fait ce décret date de 434/3 av. J.C.




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Où sur la stèle ?


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Où sur la stèle ?


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Où sur la stèle ?


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Où sur la stèle ?


MA856-4



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9.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :

ΟΙ ΤΑΜΙΑΙ (οἱ ταμίαι)

Voyez l'utilisation du Η pour noter l'aspiration de l'article.
C'est seulement avec la réforme d'Euclide en 403 que cette lettre
va prendre une autre valeur et noter le "e" long ouvert.
Du coup l'aspiration ne sera plus notée dans les inscriptions.
L'esprit rude n'apparaîtra que bien plus tard, dans les papyrus et les parchemins,
d'abord sous la forme d'un demi H : demi-H, puis comme un petit c.

les "tamiai" sont les trésoriers de la cité.

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10.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :

ΚΑΙΕΙΤΙΣΑΛΛΟΣ  (καὶ εἴ τις ἄλλος)

Dans les inscriptions grecques, il n'y a pas de séparation entre les mots.
L'expression signifie : et si quelqu'un d'autre ...

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11.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :

ΜΕΤΑΤΗΣΒΟΥΛΗΣ (μετὰ τς βουλς)

Il faut s'habituer à retrouver la fausse diphtongue ου
derrière le simple omicron,

de même que l'êta du génitif féminin en -ης
derrière le simple epsilon.

sens de l'expression : avec le Conseil




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12.

Dans l'alphabet grec classique que vous connaissez,
on aurait écrit :
ΤΑΣΘΥΡΑΣΤΟΥΟΠΙΣΘΟΔΟΜΟΥ
(τὰς θύρας τοῦ ὀπισθοδόμου)


La lettre thêta n'a plus la croix à l'intérieur du cercle,
seulement un point en son centre,
et ce point n'est pas toujours visible sur la pierre :
dans ce cas c'est la compréhension des mots qui permet de trancher
entre un omicron et un thêta.

Observez le génitif singulier de la 2ème déclinaison :
il a ici comme désinence un -O, qui note la fausse diphtongue
qui sera écrite -OY après la réforme de 403.

Sens de l'expression : les portes de l'opisthodome.
L'opisthodome (ce qui est construit derrière) était la pièce à l'arrière du temple,
fermée par des grilles, et où l'on conservait, à la vue de tous,
les trésors de la divinité.



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13.

IG I3 52 — stoichédôn de 54 lettres — 434/3 av. J.C.

[ἔδ]οχσεν τε̑ι βολε̑ι καὶ το̑ι δέμοι· Κεκροπὶς ἐπρυτάνευε, Μνεσίθεος ἐ-
[γ]ραμμάτευε, Εὐπείθες ἐπεστάτε, Καλλίας εἶπε· ἀποδο̑ναι τοῖς θεοῖς
[τ]ὰ χρέματα τὰ ὀφελόμενα, ἐπειδὲ τε̑ι Ἀθεναίαι τὰ τρισχίλια τάλαντ-
[α] ἀνενένεγκται ἐς πόλιν, ℎὰ ἐφσέφιστο, νομίσματος ℎεμεδαπο̑. ἀποδι-
5
[δ]όναι δὲ ἀπὸ το̑ν χρεμάτον, ἃ ἐς ἀπόδοσίν ἐστιν τοῖς θεοῖς ἐφσεφισμ-
[έ]να, τά τε παρὰ τοῖς ἑλλενοταμίαις ὄντα νῦν καὶ τἆλλα ἅ ἐστι τούτον
[το̑]ν χρεμάτον, καὶ τὰ ἐκ τε̑ς δεκάτες ἐπειδὰν πραθε̑ι. λογισάσθον δὲ ℎ-
[οι λ]ογισταὶ ℎοι τριάκοντα̣ ℎοίπερ νῦν τὰ ὀφελόμενα τοῖς θεοῖς ἀκρ-
[ιβο̑]ς, συναγογε̑ς δὲ το̑λ λογιστο̑ν ἑ βολὲ αὐτοκράτορ ἔστο. ἀποδόντον
10
[δὲ τ]ὰ χρέματα ℎοι πρυτάνες μετὰ τε̑ς βολε̑ς καὶ ἐχσαλειφόντον ἐπει-
[δὰν] ἀποδο̑σιν, ζετέσαντες τά τε πινάκια καὶ τὰ γραμματεῖα καὶ ἐάμ π-
[ο ἄλ]λοθι ἐ̑ι γεγραμμένα. ἀποφαινόντον δὲ τὰ γεγραμμένα ℎοί τε ℎιερ-
[ε̑ς κ]αὶ ℎοι ℎιεροποιοὶ καὶ εἴ τις ἄλλος οἶδεν. ταμίας δὲ ἀποκυαμεύε-
[ν το]ύτον το̑ν χρεμάτον ℎόταμπερ τὰς ἄλλας ἀρχάς, καθάπερ τὸς το̑ν ℎι-
15
[ερο̑]ν το̑ν τε̑ς Ἀθεναίας. ℎοῦτοι δὲ ταμιευόντον ἐμ πόλει ἐν το̑ι Ὀπισθ-
[οδό]μοι τὰ το̑ν θεο̑ν χρέματα ℎόσα δυνατὸν καὶ ὅσιον, καὶ συνανοιγόν-
τον καὶ συγκλειόντον τὰς θύρας το̑ Ὀπισθοδόμο καὶ συσσεμαινόσθο-
ν τοῖς το̑ν τε̑ς Ἀθεναίας ταμίαις. παρὰ δὲ το̑ν νῦν ταμιο̑ν καὶ το̑ν ἐπισ-
τατο̑ν καὶ το̑ν ℎιεροποιο̑ν το̑ν ἐν τοῖς ℎιεροῖς, ℎοὶ νῦν διαχερίζο[σι]-
20
ν, ἀπαριθμεσάσθον καὶ ἀποστεσάσθον τὰ χρέματα ἐναντίον τὲς βολ[ε̑]-
ς ἐμ πόλει, καὶ παραδεχσάσθον ℎοι ταμίαι ℎοι λαχόντες παρὰ το̑ν νῦ[ν]
ἀρχόντον καὶ ἐν στέλει ἀναγραφσάντον μ̣ιᾶι ἅπαντα καθ’ ἕκαστόν τε
το̑ν θεο̑ν τὰ χρέματα ℎοπόσα ἐστὶν ἑκάστοι καὶ συμπάντον κεφάλαιο-
ν, χορὶς τό τε ἀργύριον καὶ τὸ χρυσίον. καὶ τὸ λοιπὸν ἀναγραφόντον ℎ-
25
οι αἰεὶ ταμίαι ἐς στέλεν καὶ λόγον διδόντον το̑ν τε ὄντον χρεμάτον
καὶ το̑ν προσιόντον τοῖς θεοῖς καὶ ἐάν τι ἀ[π]αναλίσκεται κατὰ τὸν ἐ-
νιαυτόν, πρὸς τὸς λογιστάς, καὶ εὐθύνας διδόντον. καὶ ἐκ Παναθεναί-
ον ἐς Παναθέναια τὸλ λόγον διδόντον, καθάπερ ℎοι τὰ τε̑ς Ἀθεναίας τ-
[α]μιεύοντες. τὰς δὲ στέλας, ἐν αἷς ἂν ἀναγράφσοσι τὰ χρέματα τὰ ℎιερ-
30
[ά, θέ]ντον ἐμ πόλει ℎοι ταμίαι. ἐπειδὰν δὲ ἀποδεδομένα ἐ̑ι τοῖς θεοῖς
[τὰ χρ]έματα, ἐς τὸ νεόριον καὶ τὰ τείχε τοῖς περιο̑σι χρε̑σθαι χρέμασ-
[ιν — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — ]



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14.



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15.

Oui, pourquoi certaines lettres des alphabets archaïques grecs
ressemblent-elles davantage à l'alphabet latin, qui est pourtant né bien plus tard ?

La réponse se trouve dans la genèse de l'alphabet latin,
qui a été formé vers 400 av. J.C. à partir de l'alphabet étrusque.

Or les Etrusques avaient créé leur alphabet vers le VIIe s. av. J.C.
sur le modèle d'un alphabet grec archaïque.






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