initiation à l'épigraphie grecque par Claire Tuan, l'Amphiareion-1

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à l'Amphiareion d'Oropos,

cistesAmphiar2.jpg  base n°1.  cistesAmphiar2.jpg



La voici, avec une ombre très rude portée par la corniche !
 C'est que le soleil était déjà bien haut en ce midi de Mai 2009.
Il faudra que j'y retourne un matin d'hiver.

base 1

On devine trois textes inscrits l'un sous l'autre, et nous allons nous approcher pour les lire.

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Pour le premier décret, les conditions de ma visite nous empêchent de lire le début du décret.
Nous n'en voyons que les lignes 6 à 11, d'ailleurs un peu difficiles à déchiffrer.
Mais n'hésitez pas à agrandir l'image en cliquant dessus.

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Epigr. tou Oropou 144 — vers 240-180 av. J.C. 

1-144.gif Léarchos fils de Limnaios a fait la proposition : Attendu que Kléopolis est dévoué envers la cité des Oropiens et qu'il ne cesse de rendre des services à notre communauté et à chacun des citoyens, plaise au peuple que Kléopolis fils d'Apollodôros, de Lampsaque, soit proxène de la cité des Oropiens, lui et ses descendants, qu'ils aient le droit d'acquérir terre et maison, l'égalité devant l'impôt, la garantie contre toute saisie et la sécurité en temps de guerre comme en temps de paix, sur terre comme sur mer, et tous les autres privilèges dont jouissent les autres proxènes et bienfaiteurs.

Ce premier décret honorifique mentionne un certain nombre de
titres, droits et privilèges
accordés au personnage honoré.
Comme nous les retrouverons dans tous les décrets qui suivront,
je rappellerai ici en quoi ils consistaient.

Le titre de proxène était certes un honneur accordé par une cité à un étranger,
 mais aussi une charge consistant à accueillir, à conseiller et à aider toute personne de ladite cité
en visite chez cet étranger.
Ainsi un citoyen d'Oropos qui se rendait à Lampsaque
se trouvait automatiquement sous la protection de Kléopolis ou de ses descendants.

Le titre de bienfaiteur, lui, était un honneur récompensant des services rendus,
mais il n'impliquait pas de charge particulière.

L'égalité devant l'impôt (isoteleia)  : Normalement un étranger résidant dans une cité,
ou possédant des biens immobiliers dans cette cité, devait acquitter des taxes spéciales.
 L'isoteleia permettait à cet étranger de ne pas payer ces taxes spéciales,
mais d'être traité fiscalement comme tous les citoyens de ladite cité.

La garantie contre toute saisie (asylie), elle, était un privilège très particulier à la Grèce antique.
Lorsqu'une personne d'une cité A se trouvait en litige non résolu avec une personne d'une cité B,
elle avait le droit, pour obtenir réparation, de s'emparer des biens (= sulân) de toute personne de la cité B,
ce qu'on traduit souvent par "droit de représailles". C'était en quelque sorte le signe que les membres
d'une même cité étaient solidairement responsables en cas de défaillance de l'un de leurs concitoyens,
afin de réparer un préjudice causé à une autre cité ou à l'un de ses membres.
Ainsi l'asylie, avec l'alpha privatif, était une garantie contre cette possible saisie de ses biens.

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En dessous, déjà un peu plus facile à lire, un décret tout semblable,
si ce n'est qu'il ne comporte que la décision du peuple,
 et non les raisons qui ont amené à prendre cette décision (ce qu'on appelle les "considérants") :

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Epigr. tou Oropou 145 — vers 240-180 av.J.C. 

1-145.gif Stéphanos fils d'Akousilaos a fait la proposition :
plaise au peuple qu'Aristyllos fils de Charidèmos, Athénien, soit proxène de la cité des Oropiens, lui et ses descendants, qu'ils aient le droit d'acquérir terre et maison, l'égalité devant l'impôt, la garantie contre toute saisie et la sécurité en temps de guerre comme en temps de paix, sur terre comme sur mer, et tous les autres privilèges dont jouissent les autres proxènes et bienfaiteurs.

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Et enfin le dernier décret, en bas, beaucoup plus facile à lire,
avec quelques nuances par rapport au précédent, et une écriture très différente :

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Epigr. tou Oropou 146 — vers 240-180 av.J.C. 

Gravure très lisible donc, mais écriture très particulière :
les traits sont vigoureux, les lettres se touchent presque l'une l'autre, avec de longues barres horizontales.
Les kappa sont tout petits, avec les deux petites barres médianes très courtes.
Les sigma ont la barre inférieure horizontale, mais pas la barre supérieure.
Comme c'est courant à cette époque, les omicron, les ôméga et les thêta sont plus petits que les autres lettres
et comme suspendus en l'air.
 Les thêta sont généralement pointés au centre, mais pas toujours.
Il y a des apices, mais pas sur toutes les lettres.

1-146.gif
Aristonous fils d'Aischylidès a fait la proposition : plaise au peuple qu'Apollônios fils de Méniskos, de Cos, soit proxène de la cité des Oropiens, lui et ses descendants, qu'il ait le droit d'acquérir terre et maison, l'égalité devant l'impôt, ainsi que la sécurité et la garantie contre toute saisie, sur terre comme sur mer, en temps de guerre comme en temps de paix, et tous les autres privilèges dont jouissent les autres proxènes et bienfaiteurs.

A la différence des deux décrets précédents,
le droit d'acquérir terre et maison et tous les autres droits et privilèges ne sont ici accordés qu'à la personne honorée,
et non à ses descendants qui reçoivent simplement le titre de proxènes.
Il en ira de même pour la plupart des décrets honorifiques qui vont suivre.
Voulait-on éviter que trop d'étrangers s'installent à Oropos et n'aient aucun impôt supplémentaire à payer par rapport aux citoyens ?




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