L'alphabet archaïque Corinthien

Il est très reconnaissable en particulier par la forme
de ses E qui ressemblent à des B,
de ses Bêta qui ne ressemblent à aucune lettre,
de ses San (pour le son /s/) qui ressemblent à des M,
de ses iota qui ressemblent à des sigma.
Voici un tableau de cet alphabet, en regard de l'alphabet ionien attique classique
auquel j'ai ajouté des lettres archaïques (en rouge) qui avaient disparu à l'époque classique :

ionien-attique	corinthien	exemples
Α
Β
Γ
Δ
Ε		,
F (digamma)
Ζ
Η	rien
aspiration initiale
Θ		,
Ι	ou	,
Κ		,
Λ		,
Μ
Ν		,
Ξ
Ο
Π
san		,
Qoppa
Ρ
Σ	rien
Τ
Υ		,
Φ
Χ
Ψ
Ω	rien

Vous pouvez maintenant, munis de ces connaissances, retourner lire la lamelle de plomb de Dodone,
mais je vous suggère plutôt de déchiffrer d'abord
quelques inscriptions peintes sur des tablettes et des vases corinthiens.

Cratère à colonnettes corinthien. Le personnage au sol s'appelle :             hιππόλυτος  Hippolytos

Cette tablette d'argile, trouvée avec plus de mille autres au XIXe siècle près de Corinthe, était dédiée à une divinité. C'est le dédicant lui même qui l'a peinte. Elle se trouve maintenant au musée du Louvre. On y lit : Μιλονίδας ἔγραψε κ᾽ἀνέθεκε. Milonidas a peint et a consacré.

Voici une autre de ces mêmes tablettes d'argile, également exposée au musée du Louvre. C'est la tablette qui parle : Εὔστρατός μ᾽ἀνέθεκε. Eustratos m'a consacrée. Certes le N de ἀνέθεκε ressemble plutôt à un delta, mais ce ne peut être qu'une erreur du peintre.

Sur ce vase corinthien, exposé à l'Altes Museum de Berlin, le peintre a représenté une scène mythologique :  Persée, de retour de son expédition pour aller chercher la tête de Méduse (qui est dans le sac qu'il tient de son bras gauche) sauve Andromède qui allait être dévorée par un monstre marin. Les noms des personnages ont été peints, le début de chaque nom se trouvant au plus près du personnage. Nous lisons donc en haut, de droite à gauche (mais pour faciliter la lecture j'ai retourné le texte) :   Περσεύς  Persée, puis le nom de la jeune fille, que j'ai également retourné :   Ἀνδρομέδα  Andromède, et enfin, en bas à gauche, et cette fois-ci de gauche à droite :   κῆτος le monstre aquatique (pensez au mot cétacé)

Cette célèbre tablette de bois a été trouvée avec quelques autres dans une grotte non loin de Corinthe. Elle est exposée au Musée National Archéologique d'Athènes. Je ne transcrirai pas la ligne du haut, qui est difficile à lire, mais les deux noms de femmes, ainsi que la signature du peintre, inscrite verticalement à droite.                        Εὐθυδίκα  Euthydika         Εὐκολίς  Eukolis                              et tout à droite :  ὁ Ϙορίνθιος  le Corinthien.

Après ces lectures,
vous allez être capables de déchiffrer la lamelle de plomb
où un homme a écrit sa question à l'oracle de Dodone.