n°2-3 : les inscriptions sur la base du colosse.
La statue colossale d'Apollon avait été érigée par les Naxiens au
tout début du VIe
s. av. J.C.
Voici comment un voyageur du XVIIe siècle l'a représentée (extrait
du BCH 1893) :

La tête ayant disparu, voici comment elle apparaît aujourd'hui :

Il ne reste plus d'elle qu'un morceau de son torse, un autre morceau :
son bassin,
ainsi que sa base, énorme, qui porte sur son côté ouest ce qui reste
d'une dédicace :

Si on approche, on commence à distinguer des restes de lettres :

qui se complètent ainsi :


ID 49
Les Naxiens à Apollon...
Oui mais... Au début du VIe s. av. J.C., les lettres n'avaient pas
cette allure-là.
Le lambda, par exemple, n'avait pas encore la forme d'un alpha sans
barre médiane,
et puis l'ôméga n'existait pas encore,
et non plus le ksi...
Il faut donc en conclure que cette dédicace a été gravée (ou regravée)
à l'époque classique.
En fait, la dédicace archaïque de la statue devait être sur le côté opposé, à l'Est
:

et l'on peut en lire encore cette ligne :

que je vous montre de plus près :
Son texte a paru énigmatique et a fait couler beaucoup d'encre.
Déchiffrons-le tout d'abord, tout en observant
la forme archaïque des
lettres :
l'alpha avec sa barre médiane penchée,
le digamma et l'epsilon avec leurs barres transversales descendantes,
l'upsilon dont la barre de gauche est toute verticale,
le lambda avec sa barre verticale et son "crochet" en haut à droite,
le thêta avec la croix,
le mu dont seule la barre de gauche fait toute la hauteur,
le delta en triangle étroit quasiment isocèle,
le sigma à trois branches,
et le phi dont la barre verticale ne dépasse pas du cercle.

Observons maintenant
la notation des sons dans cet alphabet archaïque :
cet étonnant digamma séparant l'alpha et l'upsilon, exemple unique pour ce mot si courant,
les terminaisons de génitif masculin singulier en -o long fermé qui ensuite s'écriront -ou,
et de même, dans le verbe être à la 1ère personne, le e- long fermé, qui ensuite sera noté ei-.
Traduction :
"Je suis de la même pierre, la statue et la base".
Bizarre, puisqu'il apparaît bien que la statue, d'une quinzaine de tonnes,
a été insérée dans la
base qui elle pèse plus d'une trentaine de tonnes,
et que l'ensemble, en provenance de Naxos, n'était donc pas monolithique.
Il faut donc plutôt comprendre :
"Je suis (fait) du même marbre, la statue et la base".



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